1987 : Cher fils, cette année a été
marquée par un souvenir spécial pour tous les
deux. Je me disais toujours :
« Je voudrais faire découvrir à mon
garçon mon pays d’origine ». Et
j’attendais les signes m’indiquant que tu étais prêt pour cette aventure. J’attendais que tu sois un peu plus éveillé
pour t’intéresser au monde de la culture extérieure et aussi que tu sois assez mature pour être en tout
autonome pendant ce grand voyage.
Après nous être perdus dans Paris pour voir
tous ses plus beaux
monuments, nous nous sommes dirigés vers Genève en
admirant les
campagnes de l’est de la France avec les beaux vignobles du
Chablis. Ensuite, un tour à Genève,
juste le temps pour rendre visite à l’un de mes cousins et nous voilà aux portes de
l’Italie, Chamonix. Te souviens-tu
de cette enivrante ascension du Mont Blanc? Ensuite, filant
vers l’est, nous avons admiré le lac de Como avec sa magnifique
végétation et ses villas, nous nous sommes arrêtés dans le vieux Bergamo et ensemble nous avons parcouru ses
rues
moyenâgeuses. À
Verona, tu t’es exclamé devant le théâtre romain, le château des
Sforza et pâmé devant le balcon de Romeo et Giulietta. Le lendemain,
nous étions à Milano, où avec moi tu as fait l’ascension des tours pour
aller admirer les milliers de statues et flèches au sommet de ce
magnifique dôme gothique. Venezia t’a
ravi encore plus avec ses
vaporetti, ses boutiques où les merveilles des verriers de Murano
remplissaient les vitrines à profusion.
Nous visitions sans
arrêt, n’est-ce
pas ?
Pour relaxer un peu, nous sommes
partis vers le sud et nous nous sommes réfugiés quelques jours sur
les rives de
l’Adriatico,
dans la petite ville de Termoli. Te
souviens–tu du bon poisson frais
qu’on nous a servi dans cette ville?
Tous les jours que nous avons
séjourné à Termoli, nous partions vers mon village, Casacalenda. Tu as parcouru les mêmes rues que moi quand
j’étais enfant, tu as
fait un pèlerinage des lieux avec moi; ensemble, nous avons visité la
maison de mes grands-parents, la maison de mes parents,
les églises, les places publiques, le
cimetière, le couvent séculaire, et
le sanctuaire de Nostra Signora della Difesa.
Tu dois te souvenir qu’en
quittant la maison de mes grands-parents j’avais les larmes aux
yeux. Pour moi, c’était la dernière fois
que je revoyais mon village et je
lui fis mes adieux. Mais notre voyage ne
finissait pas là. Je t’ai amené
sur le promontoire du Gargano, où, après avoir monté la route en lacet,
nous avons pénétré dans la plus belle cathédrale au
monde, creusée
dans les profondeurs du roc.
Nous étions
rendus aux portes du sud
du pays et si nous voulions rentrer à Paris, nous devions nous
diriger vers Rome. Nous avons quand même jeté un coup d’oeil sur
la Costa Amalfitana et puis nous avons filé vers Roma. Dans la Ville
Éternelle, je t’ai montré tous les plus
beaux monuments, de la Roma
antique à la Roma moderne, y compris les merveilles du Vaticano. Finalement,
sur la route du retour, nous nous sommes dirigés vers les villes qui ont marqué la Renaissance
italienne : Firenze, Siena, Perugia. Nous nous sommes attardés au moins deux jours
à Firenze et avons visité pouce par
pouce toutes ses beautés, y compris la Galleria degli Uffizi. Disons que nous avons jeté un coup d ’oeil à
Pisa où tu as eu le plaisir de monter sur la Torre
Pendente et nous avons regagné Paris pour rentrer au Québec. J’étais fier d’avoir atteint mon objectif : te faire voir mon pays. Je me souviens qu’après le voyage tu m’as dit : « Un jour, papa, j’y retournerai. ».